La médiathèque, un monolithe minéral de béton et de verre
Le projet conçu par le cabinet Guyard et Bregman (GBAU) architectes urbanistes, situé à Collonges-sous-Salève près d’Annemasse, est très ambitieux : penser un bâtiment moderne et fonctionnel comme partie intégrante du paysage.
Une construction moderne dans le centre historique
La médiathèque Ange Abrate est située à la périphérie du centre historique de Sallanches, au pied du coteau, au contact de la partie la plus ancienne de la ville qui compte la collégiale St Jacques (attestée en 1520), le Château des Rubins (fin 14e s.) et les vestiges du portail du presbytère.
Le bâtiment moderne côtoie ainsi les plus anciennes traces historiques antérieures au grand incendie d’avril 1840 qui a ravagé la ville.
Une architecture aussi épurée et abrupte qu'une montagne
Le bâtiment suit la déclivité naturelle du coteau en s’étageant sur 2 niveaux de plain-pied. La toiture traduit cet étagement en créant un 2e sol par son toit végétalisé. L’édifice est construit sur le terrain d’une ancienne maison de famille du 19e siècle, propriété de la famille Bardel abattue en 2004, dont ne subsiste qu’une partie du mur d’enceinte et son portail sur un terrain de 3000 m2.
Compacité, sobriété minérale du volume sont les maitres mots du projet architectural.
Faite de béton, de bois, de verre, les murs sont massifs, hauts (6 m sous plafond par endroits) et enduits de stuc gris. Seul le mobilier et les collections de documents viennent apporter des touches de couleurs.
Un bâtiment intégré dans son environnement labellisé HQE (Haute Qualité Environnementale)
De l’extérieur, le bâtiment se fond dans le paysage avec une grande sobriété, offrant aux usagers qui fréquentent les lieux tranquillité et intimité.
La ville de Sallanches a voulu créer un équipement public exemplaire, notamment du point de vue de la prise en compte des exigences des principes du développement durable.
Le projet témoigne d’un souci de préservation de la nature : optimisation des performances énergétiques et maitrise de l’impact sur l’environnement ; maitrise des apports solaires passifs et maximalisation de l’orientation de l’édifice ; choix techniques et qualitatifs des matériaux avec un contenu énergétique faible ; préservation du coteau boisé (maintien de la biodiversité et de la valeur paysagère) ; intégration du bâtiment dans le site (architecture et toit végétalisé) ; maintien de la biodiversité et du paysage ; limitation de l’accès aux véhicules ; accès piétons favorisés ; utilisation des eaux pluviales (arrosage et entretien bâtiment).
Le labyrinthe thermique, le toit végétalisé et la ventilation nocturne offrent un confort thermique incomparable en été.
Un héritage culturel et historique
Le portail est traité comme un repère dans la ville. Il fait référence aux architectes traditionnels de l’époque Sarde (1ere moitié du 19e siècle). Il porte le blason de la famille de Loche, propriétaire du Château des Rubins au XVIIIe siècle. L’imposte en ferronnerie porte la date de 1802.
Les murs d’enceinte et le pilier d’entrée, sont revêtus d’un enduit spécifique à motif en trompe l’œil évoquant les « sgraffittos », importés dans les alpes par les maçons italiens dès l’époque baroque. Il s’agit d’enduits bicolores au graphisme soutenu obtenu par l’application de deux couches de badigeon de teintes contrastées avec grattage partiel de la deuxième couche.
Un espace ouvert
Les deux grands espaces de lecture sont reliés par un escalier monumental en chêne, clin d’œil à la forêt voisine. L’escalier est le cœur du bâtiment et participe à son cachet architectural. De l’entrée c’est le premier élément visible par le visiteur.
La conception du bâtiment est rendue originale par l’absence de piliers porteurs visibles. En effet, la charpente métallique repose sur 4 supports permettant ainsi la création d’un espace ouvert sans entraves à la vue.
Le centre du toit est entaillé par une verrière effilée, mettant en scène la vue sur les aiguilles de Warens qui dominent Sallanches et offre une entrée à la lumière naturelle au beau milieu du bâtiment.
Quelques chiffres :
Superficie de la médiathèque : 2000 m2
Dont :
- 470 m2 destinés au public adulte (au RDC à l’est, de plain-pied avec les voiries et terrasses extérieures coté « ville »).
- 400 m2 dévolus aux plus jeunes (côté ouest au RDC haut, de plain-pied avec les voiries et terrasses coté « coteau » en lien direct avec la nature).
- 115 m2 consacrés à la musique et à l’image
- 285 m2 pour les 3 salles d’animations
-1000 m2 d’espaces paysagers alentours